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SOMMET DU G8 DE COLOGNE 18-20 JUIN 1999

SOMMET DU G8 DE COLOGNE 18-20 JUIN 1999

Communiqué du G8, Cologne 1999

  1. Nous, Chefs d'État et de Gouvernement de huit grandes démocraties et Président de la Commission européenne, nous sommes réunis à Cologne pour le 25e Sommet économique. À l'aube du nouveau millénaire, nous avons discuté des possibilités plus grandes et des solutions prospectives aux défis que nos nations et la communauté internationale doivent relever.

  2. La mondialisation, un processus complexe comportant des flux rapides et croissants d'idées, de capitaux, de technologies, de biens et de services à la grandeur de la planète, a déjà profondément changé nos sociétés. Elle nous a rapprochés comme jamais auparavant. Une ouverture plus grande et un dynamisme accru ont contribué à une amélioration généralisée des niveaux de vie et à une réduction significative de la pauvreté. L'intégration a aidé à créer des emplois en stimulant l'efficacité, les occasions et la croissance. La révolution de l'information et l'exposition plus grande à la culture et aux valeurs les uns des autres ont renforcé la dynamique démocratique et la lutte pour les droits de la personne et les libertés fondamentales tout en stimulant la créativité et l'innovation. La mondialisation a toutefois aussi accru les risques de déstabilisation et l'incertitude financière pour un grand nombre de travailleurs, de familles et de collectivités partout dans le monde.

  3. Il faut donc saisir les occasions qu'offre la mondialisation tout en contrant les risques, pour répondre aux préoccupations concernant l'absence de contrôle sur les effets du phénomène. Nous devons chercher à maintenir et à accroître les bienfaits de la mondialisation et veiller à ce que les gens partout dans le monde en bénéficient. En conséquence, nous engageons les gouvernements et les institutions internationales, les milieux patronaux et syndicaux, la société civile et les particuliers à relever ensemble ce défi et à utiliser au maximum la mondialisation pour favoriser la croissance de la prospérité et promouvoir le progrès social tout en préservant l'environnement.

I. Mettre l'économie mondiale sur les rails d'une croissance durable

  1. Depuis notre réunion à Birmingham l'an dernier, l'économie mondiale a été confrontée à des défis majeurs. Des progrès ont été réalisés vers une résolution de la crise et la mise en place des fondements d'une relance. Les perspectives économiques se sont améliorées par suite des mesures prises au niveau des politiques pour soutenir la croissance dans les grands pays industrialisés, ainsi que d'importantes actions de politique qui ont conduit à une meilleure performance dans certains marchés émergents. Il subsiste plusieurs défis de taille. C'est pourquoi nous renouvelons notre engagement à mener des politiques macroéconomiques et des réformes structurelles appropriées, qui favoriseront une croissance plus équilibrée de l'économie mondiale et réduiront de la sorte les déséquilibres extérieurs.

  2. L'économie mondiale se ressent encore des effets des crises financières qui ont débuté en Asie il y a deux ans. Sans un système commercial mondial à la fois ouvert et fondé sur des règles, et les flux bénéfiques de biens et de services qu'il favorise, les pays affectés auraient beaucoup plus de difficulté à se remettre de ces crises et à stabiliser leur économie.

  3. Nous saluons les accords-cadres que la Russie a conclus récemment avec le FMI et la Banque mondiale et espérons que la Russie les mettra en oeuvre rapidement, franchissant ainsi une autre étape importante dans son programme de réformes. Lorsqu'un accord avec le FMI sera en place, nous encourageons le Club de Paris à ne pas tarder à négocier un accord de rééchelonnement de la dette avec la Russie. Pour appuyer les efforts déployés par la Russie vers la stabilité macroéconomique et la croissance durable, nous encourageons le Club de Paris à continuer de s'occuper du problème de la dette russe découlant des obligations contractées à l'ère soviétique, dans le dessein de trouver des solutions globales à une étape ultérieure lorsque la Russie se sera dotée de conditions lui permettant de mettre en oeuvre un programme de réformes économiques plus ambitieux.

  4. Nous avons convenu d'intensifier notre dialogue au sein des structures du G8 sur les réformes sociale, structurelle et économique à long terme en Russie. À cette fin, nous avons chargé nos représentants personnels d'assurer la continuité et la cohésion globales du travail effectué sur je sujet au sein du G8. Il faut attacher une importance particulière à des domaines concrets de coopération comme le développement de la petite entreprise, l'accroissement de la coopération avec les régions, la santé, l'impact social des transformations économiques. Nous avons convenu d'approfondir notre collaboration sur l'application de la loi, la lutte contre le crime organisé et le blanchiment d'argent, y compris en rapport avec la fuite des capitaux.

II. Édifier un système commercial mondial qui fonctionne pour tous

  1. Le système commercial multilatéral incorporé à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a joué un rôle clé dans la promotion du commerce et de l'investissement à l'échelle internationale, et dans l'accélération de la croissance économique, de l'emploi et du progrès social. C'est pourquoi nous renouvelons le ferme appui que nous accordons à l'OMC, et notre engagement en faveur d'un environnement ouvert en termes de commerce et d'investissement. Nous appelons toutes les nations à résister aux pressions protectionnistes et à ouvrir davantage leurs marchés. Nous encourageons les États qui ne sont pas encore membres de l'OMC à y adhérer, en souscrivant à ses principes.

  2. Compte tenu du rôle vital de l'OMC, nous convenons de l'importance d'en accroître la transparence pour rendre l'Organisation plus réceptive aux besoins de la société civile tout en préservant le caractère intergouvernemental de son fonctionnement. Nous nous engageons à travailler au succès de la réunion des ministres qui se tiendra à Seattle pour donner le coup d'envoi au nouveau cycle. Nous chercherons également à trouver à l'OMC une façon plus efficace d'examiner la relation entre le commerce et l'environnement et de promouvoir le développement durable et le bien-être social et économique partout dans le monde.

  3. En conséquence, nous engageons toutes les nations à lancer à la conférence des ministres de l'OMC à Seattle en décembre 1999 un nouveau cycle de négociations globales et ambitieuses pour obtenir des résultats substantiels et gérables. Tous les membres devraient être partie prenante à ce processus. Nous encourageons tous les membres à mettre de l'avant des propositions qui permettent de progresser dans des domaines où les pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés, peuvent réaliser des gains solides et substantiels; tous les pays devraient contribuer au nouveau cycle et en bénéficier. De nouvelles négociations commerciales efficaces peuvent aider à préparer la voie à l'intégration plus complète des pays en développement dans l'économie mondiale. Dans ce contexte, nous réaffirmons l'engagement que nous avons pris l'an dernier à Birmingham d'améliorer l'accès des pays les moins avancés aux marchés. De plus, nous préconisons une meilleure coopération et une cohérence plus grande au niveau des politiques entre les organisations internationales oeuvrant dans les domaines financier, économique, syndical et environnemental.

  4. Comme le commerce se mondialise de plus en plus, il faut examiner les conséquences des développements en biotechnologie dans les instances nationales et internationales appropriées. Nous souscrivons à cet égard à une approche fondée sur la science et sur des règles.

III. Concevoir des politiques favorisant l'emploi

  1. Un des problèmes économiques les plus urgents est le taux élevé de chômage dans de nombreux pays. Nous réaffirmons l'importance qu'il y a d'intensifier la coopération internationale et d'accroître les efforts au niveau national pour concevoir les politiques appropriées afin d'augmenter le nombre d'emplois. Pour renforcer les assises d'une croissance et d'une création d'emplois durables, nous encourageons énergiquement une approche à deux volets consistant à:

    • promouvoir des réformes structurelles pour accroître l'adaptabilité et la compétitivité
      de nos économies et aider les chômeurs de longue durée à réintégrer le marché du travail;
    • mener des politiques macroéconomiques à des fins de stabilité et de croissance pour faire en sorte
      que les politiques monétaires et fiscales soient bien équilibrées.

  2. Les chances que la croissance économique génère plus d'emplois augmentent de pair avec l'adaptabilité de nos économies. C'est pourquoi nous appuyons vigoureusement l'élimination des rigidités structurelles sur les marchés du travail, des capitaux et des produits, la promotion de l'esprit d'entreprise et de l'innovation, l'investissement dans le capital humain, la réforme des régimes d'imposition et de prestations pour renforcer les incitatifs économiques et encourager l'emploi, et le développement d'une société du savoir innovatrice.

  3. En outre, nous souscrivons aux conclusions arrêtées par les ministres du Travail du G8 à leur conférence à Washington en février dernier, à savoir ménager des filets de protection sociale qui soutiennent l'emploi, prévenir le chômage de longue durée par une action précoce, faciliter la recherche d'un emploi en offrant de l'information sur le marché du travail et des services d'aide à l'emploi, promouvoir l'apprentissage continu et de nouvelles formes d'organisation du travail, assurer à tous les travailleurs un accès égal au marché, y compris les nouveaux venus et les travailleurs plus âgés, et faire avancer le dialogue social.

IV. Investir dans les personnes

  1. L'éducation de base, la formation professionnelle, la formation universitaire, le perfectionnement continu des qualifications et des connaissances pour le marché du travail et le soutien accordé au développement de la réflexion innovatrice sont essentiels pour façonner le progrès économique et technique, alors que nous évoluons vers une société du savoir. De plus, ils enrichissent l'individu et favorisent le sens civique et l'inclusion sociale.

  2. À l'appui de ces objectifs, nous faisons nôtres les buts et les aspirations énoncés dans la Charte de Cologne.

  3. L'adaptabilité, l'employabilité et la gestion du changement seront les plus grands défis que nos sociétés auront à relever au XXIe siècle. La mobilité sur les plans professionnel, culturel et communautaire sera essentielle. Et le passeport de la mobilité sera l'éducation et l'apprentissage continu pour tous.

  4. À cette fin, nous sommes favorables à une augmentation des échanges d'enseignants, d'administrateurs et d'étudiants entre les Huit et avec d'autres nations, et nous invitons nos experts à recenser les principaux obstacles à ce chapitre et à proposer des solutions appropriées avant le prochain Sommet. Nous demandons à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et à l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, les sciences et la culture (UNESCO) de procéder à l'étude des meilleures pratiques de recrutement, de formation, d'indemnisation et de responsabilité des membres de la profession enseignante dans le monde. Nous nous engageons à explorer conjointement des façons de collaborer ensemble et par l'entremise d'institutions internationales afin d'aider nos propres pays et les nations en développement à utiliser la technologie pour répondre à leurs besoins d'apprentissage et de développement, par exemple grâce au télé-enseignement.

V. Renforcer les mesures de protection sociale

  1. À mesure que le processus de la mondialisation s'est amplifié, il s'est accompagné d'importants progrès aux plans social et économique. Parallèlement, la rapidité du changement et de l'intégration a donné à certains individus et à certains groupes l'impression qu'ils ne pouvaient suivre le mouvement, ce qui a créé certaines dislocations, particulièrement dans les pays en développement. C'est pourquoi nous devons prendre des mesures pour renforcer l'infrastructure institutionnelle et sociale qui peut « humaniser » la mondialisation et assurer une prospérité plus grande, et partagée par le plus grand nombre.

  2. Les politiques de sécurité sociale, y compris les filets de protection sociale, doivent être suffisamment solides pour encourager et aider les individus à épouser le changement et la libéralisation à l'échelle mondiale et améliorer leurs chances sur le marché du travail, tout en renforçant la cohésion sociale. Nous reconnaissons qu'en présence de contraintes financières il est vital de trouver un équilibre soutenable entre les programmes d'aide sociale et un degré plus grand de responsabilité et d'initiative au niveau personnel.

  3. Nous sommes convaincus que les pays les plus durement touchés par les récentes crises économiques et financières se relèveront plus rapidement s'ils mettent en place et améliorent l'infrastructure sociale nécessaire. Il est donc particulièrement important de maintenir l'investissement dans les services sociaux de base en temps de crise. La flexibilité et l'établissement de priorités budgétaires devraient améliorer la qualité de l'infrastructure sociale et de l'investissement.

  4. La démocratie, l'État de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits de la personne et des normes fondamentales du travail sont d'autres conditions préalables de la stabilité sociale. Le développement d'institutions fonctionnelles et exemptes de corruption qui soient rentables, transparentes et comptables de leurs actions devant le public doit servir de complément au processus de libéralisation.

  5. Nous demandons aux institutions financières internationales (IFI) d'appuyer et de suivre la mise en place des politiques et d'infrastructures sociales saines dans les pays en développement. Nous applaudissons aux mesures qui ont déjà été prises à cet égard. Nous invitons instamment le FMI à attacher plus d'attention à cette question dans l'élaboration de ses programmes économiques et à accorder une priorité particulière aux budgets centraux, notamment ceux de la santé de base, de l'éducation et de la formation dans la mesure du possible, et ce même durant les périodes d'assainissement des finances publiques. Nous saluons les mesures prises par la Banque mondiale en vue d'élaborer, en collaboration avec l'ONU, des principes relatifs aux bonnes pratiques dans le domaine des politiques sociales, ainsi que le travail fait pour renforcer les partenariats avec les pays emprunteurs par le biais du réseau global de développement. Nous invitons la Banque mondiale et le FMI à collaborer à l'élaboration d'un ensemble de politiques et de pratiques qui puissent guider les donateurs comme les emprunteurs dans la conception de programmes d'ajustement assurant la protection des plus vulnérables.

  6. Nous appuyons un meilleur échange d'informations, y compris les analyses des coûts et des avantages associés aux filets de sécurité sociale, tant à l'ONU et à l'OCDE que dans d'autres instances compétentes, en ce qui a trait à la conception et à la mise en oeuvre des réformes sociales.

  7. Nous nous engageons à promouvoir l'application efficace de la Déclaration sur les principes et droits fondamentaux du travail et son suivi de l'Organisation internationale du travail (OIT). Nous saluons également l'adoption de la Convention de l'OIT sur l'élimination des pires formes du travail des enfants. Nous avons en outre l'intention d'accélérer la collaboration avec les pays en développement afin d'accroître leur capacité de s'acquitter de leurs obligations. Nous appuyons le renforcement de la capacité de l'OIT d'aider les pays à appliquer les normes fondamentales du travail.

  8. Nous saluons également la coopération croissante entre l'OIT et les IFI dans la promotion d'une protection sociale appropriée et de normes fondamentales du travail. Nous exhortons les IFI à intégrer ces normes dans leur dialogue sur les politiques avec les pays membres. De plus, nous insistons sur l'importance d'une coopération efficace entre l'OMC et l'OIT concernant les dimensions sociales de la mondialisation et de la libéralisation du commerce.

VI. Approfondir le partenariat de développement

  1. Les pays en développement sont des partenaires essentiels à l'ère de la mondialisation. Nous sommes résolus à travailler avec eux, et spécialement avec les pays les plus pauvres, afin d'éliminer la pauvreté, de mettre en oeuvre des politiques de développement durable efficaces et de développer leur capacité de mieux s'intégrer à l'économie mondiale, leur permettant de la sorte de bénéficier des possibilités offertes par la mondialisation.

    • Nous continuerons de fournir un soutien et une assistance substantiels aux pays en développement et
      en transition à l'appui de leurs propres efforts pour ouvrir et diversifier leurs économies, démocratiser
      et améliorer la gouvernance et protéger les droits de la personne.
    • Nous nous efforcerons d'augmenter graduellement le volume d'aide publique au développement (APD), et
      de focaliser cette assistance sur les pays le mieux positionnés pour s'en servir efficacement.
    • Pour alléger le fardeau de la dette à l'avenir et faciliter le développement durable, nous convenons
      d'augmenter la part du financement consenti sous forme de subventions dans l'APD que
      nous accordons aux pays les moins avancés.
    • Les organisations non gouvernementales ont elles aussi un rôle important à jouer.
    • Même si l'aide internationale et l'allégement de la dette sont manifestement importants, leur
      efficacité reste tributaire de mesures nationales avisées favorisant une réforme économique et
      structurelle et une bonne gouvernance, où le secteur privé et la société civile peuvent jouer
      un rôle productif.
    • Nous comptons accélérer notre collaboration avec les pays en développement et les institutions
      multilatérales pour accroître la capacité de ces pays d'exercer leurs droits et de
      s'acquitter de leurs obligations dans le système commercial international de sorte qu'ils puissent
      profiter pleinement de la libéralisation du commerce et ainsi contribuer à la croissance économique
      mondiale.
    • Nous demandons à l'ONU et aux IFI d'aider les pays en développement à mobiliser les moyens
      suffisants pour assurer les services sociaux et l'infrastructure de base, et de continuer de soutenir
      et d'intégrer la démocratisation, la bonne gouvernance et l'État de droit dans les stratégies
      de développement nationales.
    • Nous réaffirmons notre appui au mandat de l'OCDE en vue de finaliser une recommandation sur le
      déliement de l'aide aux pays les moins avancés. Nous demandons aux membres de l'OCDE de mener cette
      initiative à bonne fin le plus vite possible.

  2. Nous réitérons notre engagement à contribuer à la réalisation du développement économique et social en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Nous examinerons la situation à cet égard tous les ans, sur la base des rapports sur l'allégement de la pauvreté présentés par le FMI et certaines banques de développement régional.

VII. Lancer l'Initiative d'allégement de la dette de Cologne

  1. Nous avons décidé de donner une nouvelle impulsion à l'allégement de la dette des pays en développement. Ces dernières années, la communauté des créanciers internationaux a introduit plusieurs mesures d'allégement à l'intention des pays les plus pauvres. Le cadre fourni par l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés (PPLE) a apporté une importante contribution à cet égard. L'expérience récente porte à conclure que de nouveaux efforts sont nécessaires pour parvenir à une solution plus permanente du problème des fardeaux insoutenables de la dette. C'est pourquoi nous saluons l'Initiative d'allégement de la dette adoptée à Cologne en 1999, qui vise à offrir un allégement plus complet, plus étendu et plus rapide de l'endettement en apportant des changements majeurs au cadre de l'Initiative en faveur des PPLE. L'objectif central de l'Initiative de Cologne est de focaliser davantage l'attention sur la réduction de la pauvreté en libérant des ressources qui pourront ensuite être investies dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des services sociaux.

  2. Nous sommes conscients que les nouvelles propositions commanderont un financement substantiel additionnel. Bien que plusieurs modes de financement soient à l'étude, il faudra faire des progrès crédibles dans l'identification de nouvelles possibilités de financement, et nous sommes prêts à aider à trouver des solutions à ce chapitre. Dans ce contexte, nous reconnaissons l'importance d'un partage équitable du fardeau entre les créanciers.

VIII. Redoubler d'efforts pour protéger l'environnement

  1. Pour souligner notre engagement en faveur du développement durable, nous intensifierons nos efforts afin de mettre en place un cadre mondial d'institutions et d'accords multilatéraux qui soit cohérent et respectueux de l'environnement. Nous appuyons l'issue de la réunion des ministres de l'Environnement du G8 à Schwerin, et nous accélérerons la coopération internationale relativement à l'établissement, à la reconnaissance générale et à l'amélioration continue des normes environnementales. Nous convenons que les considérations environnementales devraient être pleinement prises en compte dans le cycle de négociations de l'OMC qui débutera prochainement. Il s'agit aussi de clarifier la relation qui existe entre les accords environnementaux multilatéraux et les principes environnementaux clés, d'une part, et, d'autre part, les règles de l'OMC.

  2. Nous convenons de continuer d'aider les banques multilatérales de développement à faire des considérations environnementales une partie intégrante de leurs activités, et nous ferons de même lorsque nous apporterons notre propre soutien. Nous travaillerons au sein de l'OCDE au développement de principes directeurs communs en matière d'environnement à l'intention des organismes de financement des exportations. Nous visons à terminer ce travail d'ici au Sommet du G8 en 2001.

  3. Nous réaffirmons que nous considérons les changements climatiques comme une menace très sérieuse pour le développement durable. Nous chercherons donc à faire progresser de façon opportune l'application du Plan d'action de Buenos Aires pour qu'entre rapidement en vigueur le Protocole de Kyoto. En particulier, nous encourageons la prise de décisions sur le fonctionnement des mécanismes de Kyoto et sur un régime de conformité fort et efficace. Nous soulignons l'importance de prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre par une utilisation rationnelle et efficiente de l'énergie et d'autres moyens rentables. À cette fin, nous nous engageons à élaborer et à appliquer des mesures nationales, y compris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Nous avons aussi convenu d'échanger nos expériences sur les pratiques exemplaires. De plus, nous militerons en faveur d'une plus grande participation mondiale des pays en développement aux efforts de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Nous applaudissons à l'action déjà prise par les pays en développement et soulignons qu'il est nécessaire d'appuyer leurs efforts par le biais de mécanismes financiers, du développement et du transfert de technologies ainsi que de la création et du renforcement des capacités. Nous notons le rôle important que peut jouer le Mécanisme pour un développement propre (MDP) dans ces domaines. Nous saluons aussi l'intention annoncée par certains pays en développement à Buenos Aires de prendre d'autres engagements en vue de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

IX. Promouvoir la non-prolifération, le contrôle des armements et le désarmement

  1. Le renforcement du régime international de non-prolifération et des mesures de désarmement est l'une de nos plus importantes priorités internationales. Nous comptons mettre en place un vaste partenariat international en vue d'une réduction élargie des menaces pour satisfaire aux exigences relatives à la sécurité, à la maîtrise des armements, au déclassement et à la non-prolifération tout en réduisant les risques pour l'environnement. Cette mesure s'appuiera sur les efforts actuels et prévus du G8 et d'autres pays. Nous nous sommes engagés à accroître les ressources à ces fins, et nous encourageons tous les autres pays à se joindre à nous.

  2. Nous reconnaissons qu'il faut continuer de protéger et de gérer les matières fissiles de qualité militaire, et spécialement le plutonium. Par le passé, les pays du G8 se sont penchés sur la gestion des matières nucléaires de qualité militaire qui ne sont plus nécessaires pour répondre à des besoins de défense. Nous affirmons notre intention de mettre en place des arrangements aux fins de la gestion sûre de telles matières fissiles. Nous soutenons énergiquement les initiatives concrètes menées par les pays du G8 et d'autres en vue de favoriser la coopération scientifique et technique nécessaire à l'appui des futurs programmes d'élimination de grande envergure. Nous invitons tous les pays intéressés à appuyer des projets en vue de la mise en oeuvre rapide de programmes à grande échelle, et nous plaidons en faveur de l'élaboration d'une stratégie conjointe. Nous reconnaissons qu'il sera nécessaire d'adopter une approche internationale du financement faisant appel à la fois à des fonds publics et à des fonds privés, et nous examinerons la possibilité de relever nos propres engagements de ressources avant le prochain Sommet du G8.

  3. Nous sommes profondément préoccupés par les récents tirs expérimentaux de missiles et par les développements liés à la prolifération des missiles, comme les actions de la Corée du Nord. Nous nous engageons à examiner de nouveaux moyens de nous attaquer individuellement et collectivement à ce problème, et nous réaffirmons notre engagement à l'égard des objectifs du Régime de contrôle de la technologie relative aux missiles (RCTM).

  4. Des mécanismes efficaces de contrôle des exportations sont essentiels à la réalisation d'un grand nombre de nos objectifs de maîtrise des armements et de non-prolifération. Nous continuerons de chercher des moyens de les renforcer.

  5. Un an après les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan, nous réitérons nos préoccupations et réaffirmons notre déclaration faite dans le Communiqué de Birmingham. Les récents tirs expérimentaux de missiles ont augmenté davantage la tension dans la région. Nous encourageons les deux pays à imiter les premiers pas positifs qui ont déjà été faits, en se joignant aux efforts internationaux de non-prolifération et de désarmement et en prenant les mesures énoncées dans la résolution 1172 du Conseil de sécurité de l'ONU.

X. Combattre les menaces à l'échelle mondiale

  1. Les conflits violents et les guerres civiles continuent d'empêcher de nombreux pays de tirer pleinement parti des occasions offertes par la mondialisation. Pour être efficaces, la prévention et la gestion des crises doivent s'attaquer aux causes profondes de ces conflits. Parmi celles-ci figurent la manipulation politique des tensions ethniques, l'inégalité économique et sociale et la pauvreté extrême, ainsi que l'absence de démocratie, d'état de droit et de bonne gouvernance politique et économique. Ces causes sont souvent exacerbées par les violations des droits de la personne, la dégradation environnementale, la rareté des ressources, une croissance démographique accélérée et la propagation rapide de maladies.

  2. Pour accroître notre capacité de prévenir les crises, il faut, conformément aux principes et aux finalités de la Charte de l'ONU:
    • accroître la capacité de reconnaître les sources potentielles de conflit et de les
      contrer dès les premiers signes. Il faut suivre plus efficacement les risques de conflits violents et
      leurs causes et partager l'information pour leur faire obstacle;
    • s'assurer que nos politiques dans les secteurs de la sécurité, de l'économie, de l'environnement et
      du développement sont coordonnées de façon appropriée et qu'elles aident à prévenir les conflits
      violents. Dans notre dialogue avec d'autres pays et avec les institutions internationales, nous nous
      appliquerons à coordonner nos politiques;
    • reconnaître le rôle important que joue l'ONU dans la prévention des conflits et chercher
      à renforcer sa capacité dans ce domaine;
    • suivre systématiquement les dépenses militaires dans le contexte plus large des dépenses publiques
      et dans le contexte macroéconomique de la croissance et du développement;
    • encourager et soutenir les efforts des organisations et des arrangements au niveau régional en vue
      d'étendre leur capacité juridictionnelle et opérationnelle, en conformité avec le droit international,
      afin d'aider à contrôler et à résoudre les conflits dans leur région;
    • promouvoir la liberté de la presse, établir des processus électoraux équitables, aider à améliorer
      la reddition de comptes et le fonctionnement démocratiques des corps législatifs, de l'appareil
      judiciaire ainsi que de l'appareil militaire et des forces policières, et améliorer la surveillance et
      la promotion du respect des droits de la personne.

  3. Nous sommes préoccupés par la progression mondiale du SIDA. Nous réaffirmons qu'il faut poursuivre la lutte contre le SIDA aux niveaux national et international grâce à une stratégie combinant la prévention, le développement de vaccins et une thérapeutique appropriée. Nous saluons et appuyons le travail de coordination et le rôle catalyseur de l'ONUSIDA. Nous demandons aux coparrains et aux autres partenaires de collaborer à la formulation d'objectifs, de stratégies et d'initiatives clairs tant à l'échelle mondiale qu'au niveau régional.

  4. Nous nous engageons aussi à poursuivre nos efforts nationaux et internationaux dans la lutte contre les maladies infectieuses et parasitaires comme la malaria, la poliomyélite et la tuberculose et leurs formes pharmacorésistantes. Nous continuerons tout particulièrement à appuyer les efforts de l'Organisation mondiale de la santé et ses initiatives « Faire reculer le paludisme » et « Halte à la tuberculose ». Nous encourageons les gouvernements à adopter les stratégies recommandées.

  5. Compte tenu de l'importance grandissante des questions touchant la sécurité alimentaire, nous invitons le groupe de travail de l'OCDE sur l'harmonisation de la surveillance réglementaire de la biotechnologie et le groupe de travail de l'OCDE pour la sécurité des aliments et provendes nouveaux à entreprendre une étude des implications de la biotechnologie et d'autres aspects de la sécurité alimentaire. Nous invitons les experts de l'OCDE à discuter de leurs résultats avec nous représentants personnels. Nous demandons à ces derniers de nos rendre compte, d'ici la tenue du prochain sommet, des façons possibles d'améliorer notre approche de ces questions par le biais des institutions internationales et autres, compte tenu des réactions soulevées sur d'autres tribunes.

  6. Nous nous réjouissons du fait que la communauté internationale prenne davantage conscience des effets délétères de la corruption sous toutes ses formes, ainsi que de l'entrée en vigueur en février 1999 de la Convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption. Nous espérons qu'un plus grand nombre de pays ratifieront cet instrument. Nous applaudissons aux résultats et au projet de suivi de la conférence internationale sur la lutte contre la corruption, à laquelle ont participé plus de 80 pays, dont tous les membres du G8, et de la conférence de l'OCDE sur les efforts faits pour combattre la corruption, qui ont toutes deux eu lieu aux États-Unis en février 1999. Dans le contexte de la Convention de l'ONU contre le crime, nous demandons instamment que les actes de corruption impliquant des agents publics soient passibles de poursuites au criminel.

  7. Nous maintiendrons l'impulsion donnée aux efforts internationaux pour combattre la criminalité transnationale organisée et la menace qu'elle fait peser sur la stabilité politique, financière et sociale à l'échelle de la planète. Nous félicitons le Groupe d'experts de haut niveau sur la criminalité transnationale organisée et sur le terrorisme pour le travail qu'il a fait, et nous lui demandons instamment de poursuivre son travail, en particulier pour arriver à un aboutissement rapide des négociations des conventions et protocoles de l'ONU sur le crime organisé. Nous demandons également que des progrès plus rapides soient faits quant à la Convention de l'ONU sur le financement du terrorisme. Nous demandons aux deux groupes d'experts de nous faire rapport de nouveau l'an prochain. Nous réaffirmons notre engagement de nous attaquer au problème des stupéfiants, notamment en nous attachant à mettre en oeuvre les conclusions de la Session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU sur le programme mondial contre la drogue, qui s'est tenue en 1998. Nous nous réjouissons de la tenue à Moscou, cet automne, de la réunion ministérielle sur la criminalité.

  8. Nous renouvelons l'engagement que nous avons pris au Sommet de Moscou en 1996 de mettre la sécurité au premier plan dans l'exploitation des centrales nucléaires et de mettre en place des normes de sécurité rigoureuses à l'échelle mondiale. À cet égard, nous attachons beaucoup d'importance aux résultats de la conférence d'examen de la Convention sur la sûreté nucléaire et de la conférence de l'Agence internationale de l'énergie atomique sur le renforcement de la sûreté nucléaire en Europe.

  9. Nous réaffirmons notre engagement de renforcer la coopération en matière de sûreté nucléaire. Nous saluons les efforts concertés faits pour contrer le problème informatique de l'an 2000 (le « bogue du millénaire ») dans ce domaine. S'agissant du Compte de la sécurité nucléaire, nous continuons d'attacher la plus grande importance à l'application intégrale et opportune des accords de subvention.

  10. Il y a eu de réels progrès depuis le Sommet de Birmingham en vue de contrer le « bogue du millénaire ». Il reste cependant beaucoup à faire. Nous maintiendrons en place de vigoureux programmes d'action afin d'être sûrs d'être prêts à faire face au problème de l'an 2000 et de réduire au minimum les répercussions qu'il pourrait avoir sur nos pays et sur le reste du monde. Nous incitons vivement tous les autres gouvernements à faire de même. Dans le cadre de ces efforts, une grande priorité devrait être accordée aux secteurs clés de l'infrastructure - l'énergie, les télécommunications, les services financiers, les transports et la santé - ainsi qu'à la défense, à l'environnement et à la sécurité publique. La confiance du public sera cruciale et elle dépendra beaucoup de la transparence et de l'ouverture quant à l'état de préparation dans les secteurs critiques. Les gouvernements, les organisations internationales, les fournisseurs de services d'infrastructure et les fournisseurs de technologies de l'information devront communiquer régulièrement de l'information fiable au grand public. Il sera important, à l'approche de l'échéance, que les organismes responsables aient en place des plans d'urgence permettant de faire face aux défaillances de systèmes qui pourront survenir dans les secteurs les plus sensibles malgré d'intenses préparations. Nous exhortons les pays tiers à faire de même. Nous maintiendrons une collaboration étroite entre nous et avec d'autres à cet égard ainsi que sur d'autres aspects du problème. Nous convoquerons plus tard cette année une conférence extraordinaire du G8 sur la planification d'urgence.

Prochain Sommet

  1. Nous avons accepté l'invitation du Premier ministre du Japon de nous réunir à Okinawa (Kyushu) l'an prochain, les 21 et 22 juillet.


Source: Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.
Traduit par le Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.

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