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SOMMET DU G8 DE COLOGNE 18-20 JUIN 1999

SOMMET DU G8 DE COLOGNE 18-20 JUIN 1999

Réunion des Ministres des Affaires étrangères du G8
À Cologne, « Guerzenich », le 10 juin 1999

Conclusions

  1. À l'aube d'un nouveau millénaire caractérisé par la mondialisation des marchés, et conscients des possibilités sans précédent mais aussi des menaces permanentes à la paix, à la stabilité et à la prospérité, nous avons discuté d'un certain nombre de questions d'intérêt mondial et d'intérêt commun au G8. Voici les conclusions que nous avons tirées.

  2. En tentant de cerner les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés à la fin du XXe siècle, nous avons observé que :

    • le principal objectif des peuples de l'ONU d'épargner le fléau de la guerre aux générations futures n'est pas encore atteint;
    • la stabilité internationale est minée par des conflits régionaux, ethniques et intra-État; la désintégration et la fragmentation des États souverains constituent une grave menace à la paix et à la sécurité internationales;
    • la démocratie a fait des progrès remarquables partout dans le monde, mais toutes les personnes n'ont pas la chance de vivre dans une société démocratique; en outre, dans certaines régions, on constate un ralentissement dans la cadence de la réforme démocratique;
    • les droits de l'homme sont de plus en plus reconnus, mais on ne peut en aucune façon affirmer que partout dans le monde ils peuvent être invoqués comme des droits garantis;
    • ce ne sont pas toutes les personnes, plus particulièrement celles qui se trouvent malgré elles au coeur d'un conflit armé, qui peuvent bénéficier du droit de protection consacré dans la Charte de l'ONU;
    • l'accessibilité accrue des armes, allant des petites armes aux armes de destruction massive en passant par leurs vecteurs, va à l'encontre des efforts internationaux visant à les réduire et à les contrôler dans le dessein d'améliorer la sécurité et la stabilité internationales;
    • le terrorisme, le crime organisé et le trafic de stupéfiants continuent à mettre en danger nos démocraties et la stabilité internationale, en dépit de nos efforts et de la coopération internationale;
    • l'intégration des marchés et la mobilité sans précédent des personnes, de l'information, des biens et des capitaux ont permis de susciter une croissance économique, d'améliorer les niveaux de vie, de partager les idées, les valeurs et la compréhension culturelle et ont souligné l'importance d'investir dans les personnes et dans l'infrastructure sociale, mais la mondialisation a aussi apporté de nouveaux risques et des vulnérabilités inhérentes dans les pays en développement comme dans les pays développés.
    • les crises financières internationales peuvent miner la cohésion sociale et nous obligent à protéger et à améliorer les avantages sociaux découlant la mondialisation;
    • le développement durable s'établit rapidement, s'accompagnant de réductions sans précédent de la pauvreté et d'améliorations en matière de protection environnementale, mais bon nombre de personnes continuent de vivre dans la pauvreté et une grave dégradation environnementale persiste.

  3. Sécurité humaine

    La protection efficace des personnes, tant sur le plan individuel que collectif, demeure au centre de notre programme. Le G8 est déterminé à lutter contre les causes sous-jacentes des menaces multiples à la sécurité des personnes, et s'est engagé à créer un milieu où les droits fondamentaux, la sécurité et la survie même de toutes les personnes sont garantis. Nous avons insisté pour que les principes essentiels de la sécurité humaine demeurent la démocratie, les droits de l'homme, la règle de droit, la saine conduite des affaires publiques et le développement humain.

    Nous avons considéré la propagation des petites armes, le danger posé par les mines antipersonnel, le terrorisme international et la criminalité transnationale, les drogues et les maladies infectieuses, la pauvreté, la détresse économique et l'oppression comme étant parmi les menaces les plus graves contre l'humanité. Pour lutter contre ces menaces, le G8 convient de soutenir les initiatives suivantes :

    • la protection des citoyens et la sauvegarde des droits des enfants dans les conflits armés
    • la lutte contre la prolifération des petites armes
    • le contrôle du transfert des armes conventionnelles
    • la mise en oeuvre de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel
    • la lutte contre le crime organisé, le trafic de stupéfiants et le terrorisme, notamment par l'avancement des conventions sur la suppression du terrorisme et sur la lutte contre les actes de terrorisme nucléaire.

  4. Prévention des conflits

    Notre vision quant à l'amélioration de la prévention et de la gestion des conflits repose sur une ONU renouvelée, efficace et efficiente. Le respect complet des dispositions de la Charte de l'ONU ainsi que des principes et des normes du droit international est fondamental. Le renforcement de la démocratie, des droits de l'homme et de la règle de droit est aussi d'une importance capitale.

    Nous nous réunirons à Berlin en décembre 1999, à l'aube du nouveau millénaire, à l'initiative de la Présidence allemande pour discuter de la prévention et du règlement des conflits.

  5. Non-prolifération et désarmement

    Nous réaffirmons notre engagement à renforcer davantage le régime international de non-prolifération des armes nucléaires et à veiller à instaurer des mécanismes efficaces de contrôle des exportations. Nous continuons de suivre étroitement la détérioration de la situation en Asie du Sud, y compris les effets des essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan. En gardant en mémoire les dispositions énoncées dans la résolution 1172 du Conseil de sécurité de l'ONU, nous demandons à l'Inde et au Pakistan de poursuivre les mesures d'instauration de la confiance auxquelles ils ont souscrit et, en priorité, de donner suite à leur intention déclarée d'adhérer au CTBT et aux autres dispositions.

    Dans le domaine du désarmement et de la coopération relative à la non-prolifération, nous nous réjouissons de toutes les initiatives actuelles et prévues des pays du G8 et d'autres pays, entre autres un programme de réduction des menaces élargi et suffisamment subventionné.

    Nous reconnaissons qu'il faut continuer de protéger et de gérer efficacement les matières nucléaires de qualité militaire qui ne sont plus nécessaires pour répondre à des besoins de défense, y compris l'élimination du plutonium, maintenir notre engagement à poursuivre notre travail sur cette question et soutenir énergiquement les initiatives concrètes entreprises à cette fin. Nous confirmons l'engagement de nos pays à travailler pour un début rapide des négociations sur un traité d'arrêt de production des matières fissiles.

    Nous demeurons résolus à faire en sorte que les négociations sur un protocole juridiquement contraignant visant à renforcer la Convention sur les armes biologiques et à toxines aboutissent rapidement et appelons de nos voeux l'adhésion universelle à la Convention sur les armes chimiques et la mise en oeuvre de celle-ci.

  6. Questions régionales

    Le 6 mai 1999, nous nous sommes rencontrés au Petersberg, à Bonn, et nous sommes convenus de principes généraux qui nous semblaient indispensables pour mettre fin à la violence et à la répression au Kosovo et permettre à tous les réfugiés et à toutes les personnes déplacées de rentrer librement et en sécurité au Kosovo. Sur la base de ces principes, Martti Ahtisaari, Président de la Finlande, agissant au nom de l'Union européenne, et Viktor Tchernomyrdine, Représentant spécial du Président de la Fédération de Russie, ont présenté au Président Slobodan Milosevic à Belgrade le 2 juin 1999 un plan de paix qui a été accepté par le gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie et l'assemblée de la République de Serbie. L'impulsion ainsi créée nous a permis à notre réunion de Cologne, « Gürzenich », le 8 juin 1999 de préparer une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui servira de base à une solution politique à la fois équitable et viable.

    Nous saluons l'Accord militaire technique du 9 juin 1999 et nous nous nous réjouissons à la perspective de l'instauration rapide d'un cessez-le-feu et le début d'un retrait vérifié des forces serbes du Kosovo. Cela permettra la suspension de l'action militaire, l'adoption immédiate de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies et l'établissement rapide au Kosovo d'une présence internationale civile et militaire. Ces développements marquent l'aboutissement des efforts intensifs déployés des dernières semaines et au cours des dernières jours pour mettre fin à la violence et rétablir la paix au Kosovo. Nous pressons toutes les parties à l'AMT de se conformer entièrement à ses dispositions.

    La priorité consiste maintenant à veiller à ce que les dispositions du Conseil de sécurité des Nations Unies soient mises en oeuvre rapidement afin de créer les conditions permettant aux réfugiés et aux personnes déplacées de rentrer chez eux en toute sécurité et liberté. Nous invitons tous les Serbes et les autres résidents minoritaires à rester sur place et à contribuer à l'édification d'un Kosovo démocratique et multiethnique. La présence de la population civile au Kosovo aura un rôle crucial et urgent à jouer pour ce qui est d'assurer la sécurité, la démocratie et la reconstruction économique pour tous les peuples d'un Kosovo autonome et de façon plus générale dans la région, conformément au projet de pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est.

    Nous engageons la communauté internationale des donateurs à se réunir dès que possible en concertation étroite avec le mécanisme du Pacte de stabilité (envisagé) ainsi qu'avec l'Union européenne et la Banque mondiale, qui joueront un rôle de coordination décisif, dans le cadre d'une conférence internationale qui devrait amorcer toutes les étapes nécessaires à la reconstruction et à la stabilisation économique en Europe du Sud-Est, afin d'envoyer aux pays touchés de la région un signal clair témoignant du soutien et de la solidarité actifs de la communauté internationale. Nous nous félicitons de la disposition de l'Union européenne à entamer ce processus en tenant avec la Banque mondiale une conférence des donateurs dans les plus brefs délais afin de répondre aux besoins immédiats liés au relèvement du Kosovo et à sa reconstruction.

    Nous réaffirmons notre plein appui à un accord de paix global négocié au Moyen-Orient, fondé sur le principe de l'échange de terre contre la paix, les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU nos 242, 238 et 425 et les accords de Madrid et d'Oslo. Nous demandons la mise en application intégrale et immédiate de l'accord de Wye River et la reprise immédiate des négociations en vue d'un régime définitif; nous demandons également que les parties évitent de prendre des mesures unilatérales qui pourraient nuire aux résultats des négociations.

    Nous croyons que l'Irak doit se conformer à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous demandons au Conseil de sécurité d'élaborer une stratégie globale pour assurer l'entière conformité avec ces résolutions, en se fondant sur les recommandations des rapports des comités sur le désarmement, les secours humanitaires et le traitement des cas de disparition de Koweitiens.

    Nous sommes heureux des récents événements politiques en Iran, entre autres la tenue des premières élections locales et le rôle de ce pays à la tête de l'OCI. Nous voulons voir un rapprochement avec l'Iran et nous pressons l'Iran d'adopter une approche plus positive à l'égard du processus de paix au Moyen-Orient. Nous demandons à l'Iran de prendre des mesures supplémentaires pour protéger les droits fondamentaux de tous les citoyens, y compris ceux de la communauté bahaï et d'autres groupes et d'agir continuellement conformément à son engagement à s'opposer à toute forme de violence et de terrorisme. Nous demandons à l'Iran de ne pas développer d'armes de destruction massive ni de missiles pour les lancer.

    Nous accueillons favorablement les résultats des dernières élections en Indonésie et nous espérons qu'ils entraîneront une diminution des tensions internes. Nous continuerons d'appuyer le processus de réforme qui, selon nous, encouragera le développement durable dans l'intérêt de toute la population. Nous nous réjouissons aussi de la signature de l'accord sur l'avenir du Timor oriental le 5 mai 1999 par le Secrétaire général des Nations Unies et les Ministres des Affaires étrangères du Portugal et de l'Indonésie. Nous demandons à toutes les parties de mettre en place fin à la violence et de déployer sans tarder des observateurs de l'ONU. Nous espérons assister bientôt au règlement de ce long conflit en des termes acceptables pour la population du Timor oriental.

    Nous appuyons la politique d'engagement de la République de Corée à l'égard de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), et applaudissons à la reprise du dialogue entre Coréens du Sud et du Nord. Nous continuons d'appuyer la KEDO et l'accord cadre établi et encourageons l'elargissement de l'appui internationale de ses activités. Nous sommes préoccupés par l'essai de missiles effectué par la RPDC et par ses exportations de la technologie des missiles, et nous nous attendons à ce qu'elle évite de s'engager dans des activités déstabilisatrices. Nous demandons à la RPDC d'agir de façon constructive quant aux questions humanitaires et de sécurité.

    Nous sommes préoccupés par l'arrêt des négociations entre les factions en Afghanistan et par l'intensification des combats. Nous demandons instamment aux factions de reprendre les négociations sous les auspices de l'ONU.

    Nous désirons voir le rétablissement complet de la démocratie et le respect des droits de l'homme au Myanmar (Birmanie).

    Nous sommes profondément préoccupés par la poursuite de la confrontation militaire au Cachemire, à la suite de l'infiltration des militants par la ligne de contrôle. Nous demandons à l'Inde et au Pakistan de respecter la ligne de contrôle, de travailler à un arrêt immédiat des combats, et de retourner à la table de négociation dans l'esprit de la déclaration de Lahore.

    Nous sommes heureux des progrès accomplis dans de nombreux pays africains au cours de la dernière décennie au chapitre des réformes économiques, du développement durable, de la démocratie et de la saine conduite des affaires publiques. En particulier, nous accueillons chaleureusement et appuyons énergiquement le retour du Nigéria au régime civil et à la démocratie. Nous encourageons le Nigéria à faire rapidement des pas concrets vers une réforme économique et institutionnelle, et à se doter d'un système ouvert et transparent, essentiel à la promotion de la croissance économique et de la prospérité. L'extension des conflits armés, l'énorme entrée d'armes et d'équipement militaire dans les régions où sévissent des conflits en Afrique et le rôle de plus en plus important joué dans ces conflits par des entités non étatiques contrôlant des ressources dont le trafic alimente les activités armées nous préoccupent vivement. Nous exhortons la communauté internationale à unir ses forces en vue de prévenir les conflits en Afrique, et espérons voir bientôt les Nations Unies intensifier leurs efforts en ce sens, en collaboration avec l'OUA et les organismes infrarégionaux.

    Nous sommes particulièrement préoccupés par les conflits qui persistent en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs en général, la reprise de la guerre civile en Angola, la poursuite du conflit entre l'Éthiopie et l'Érythrée, au Soudan et en Somalie, et nous condamnons le renversement des gouvernements légitimes en Guinée-Bissau, au Niger et aux Comores. Nous appuyons le renforcement de l'accord de paix en Sierra Leone. Il est essentiel que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies soient respectées intégralement; nous encourageons tous les efforts en vue du règlement de ces conflits qui menacent le développement des pays africains et la stabilité et la sécurité de vastes parties de l'Afrique.

    Nous réitérons notre appui aux efforts de l'ONU pour parvenir à un accord global sur le problème de Chypre sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous recommandons que les dirigeants du Sommet du G8 demandent que le Secrétaire général des Nations Unies invite les dirigeants des deux parties à entreprendre des négociations approfondies sans conditions préalables. Nous encourageons vivement toutes les parties concernées à éviter de prendre des mesures susceptibles d'entraîner une augmentation des tensions sur l'île et compliquer les efforts en vue d'un accord de paix juste et durable.

  7. Fondements sociaux et politiques pour une économie saine

    On a vu dans le passé que les pays où sont bien établis la démocratie et les droits de l'homme, la règle de droit et les principes de saine conduite des affaires publiques ainsi que les pays qui participent à des programmes de coopération régionale efficaces sont habituellement plus résistants et moins vulnérables aux répercussions de crises financières et économiques non prévues. Toutefois, en temps de crise, il est essentiel de maintenir l'investissement dans les services sociaux pour atténuer les répercussions négatives liées à cette crise. Nous louons les efforts de création de capacités déployés dans le cadre de la coopération grandissante des Institutions financières internationales, des Nations Unies et d'autres organismes et donateurs internationaux en vue de réduire la vulnérabilité systémique aux crises. Nous encourageons de plus l'échange des meilleures pratiques en matière de filets de sécurité sociale et autres infrastructures sociales. Nous pressons les Institutions financières internationales d'intensifier leurs efforts en vue d'aider les pays en développement à apporter des améliorations dans ces domaines et de continuer à travailler à l'élaboration de pratiques exemplaires dans le domaine de la politique sociale dans le dessein d'aider des groupes vulnérables et d'améliorer les fondements en vue d'un développement efficace.

  8. Mouvement des pays non alignés

    Nous avons eu un échange d'opinions fructueux au sujet du renforcement de notre collaboration avec nos collègues de la Troïka du Mouvement des pays non alignés (Afrique du Sud, Colombie et Bangladesh).

Le 10 Juin 1999


Source: Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada.
Traduit par le Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.

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