G8 Information Centre, Online Lectures 2002

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11. La diplomatie canadienne au sein du G8 et l'approche adoptée en vue du sommet de Kananaskis, André Donneur

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Bonjour, je suis le professeur André Donneur de l'Université du Québec à Montréal. Je vais vous entretenir de la diplomatie canadienne au sein du G8 et de l'approche ayant été adoptée en vue du sommet de Kananaskis. Pour ce faire, je vais présenter mes propres vues, mais j'ai aussi eu l'occasion de consulter mon collègue John Kirton, un grand spécialiste de la question du G8.

Sans reprendre dans les détails les différents courants de pensée qui inspirent la politique étrangère canadienne, il est important rappeler qu'ils sont au nombre de trois. D'abord, il y a celui de l'institutionalisme libéral qui considère que le Canada, puissance moyenne, exerce une " diplomatie de contrainte ". Une deuxième école perçoit le Canada comme un pays satellite, dépendant et périphérique laissant de côté le multilatéralisme des Nations Unies en faveur d'une " diplomatie d'acquiescement " envers les États Unies. Enfin, la troisième école considère la Canada comme une puissance majeure, principale selon les mots de Kirton, qui exerce une " diplomatie de concert ".

Au cour de cet exposé, j'expliquerai que le Canada a exercé une " diplomatie de contrainte " à l'intérieur du G8, intervenant fréquemment en qualité de médiateur entre les autres pays participant à l'institution. De plus, le Canada a aussi exercé une " diplomatie de concert " tâchant de s'établir, en tant que membre, sur un pied d'égalité avec les autres pays. Ce qui est important à retenir dans la participation canadienne est l'insistance du Canada sur des thèmes récurrents, des thèmes qui reviendront encore une fois à Kananaskis.

A. La participation du Canada aux conférences aux sommets de 1975 à 2000

Dès le troisième sommet à Londres en mai 1977, le Canada a préconisé une ouverture sur le dialogue nord-sud. Déjà, le Premier ministre Trudeau avait su au sommet de Porto Rico de juin 1976, consolider la participation canadienne au G7 alors qu'il y avait été invité sur l'insistance des États Unis. À Londres, ce qui est important de rappeler, c'est la persévérance de Trudeau pour que les pays du sud soient traités sur une base équitable. Il suggérait, par le fait même, la création d'un fond commun pour la stabilisation des produits de base, produits exportés principalement par les pays en développement. Donc, ce retour aux premières années du Canada dans l'institution du G8, démontre la mobilisation précoce du Canada sur la question du développement, question qui a évolué avec le Canada et qui est encore à l'ordre du jour de Kananaskis.

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le Canada a aussi été un pionnier parmi les membres du G8. En effet, c'est au sommet de Bonn de juin 1978 que la proposition du Premier ministre Trudeau concernant le boycottage des pays refusant l'extradition des pilotes de l'aire a été adoptée permettant par le fait même le développement d'une longue tradition de discussions en la matière. C'est à ce même sommet, mais au chapitre de la croissance économique, qu'il sera décidé de lutter contre la stagnation de la production et où le Canada s'engagera à augmenter sa croissance économique de 5%.

Au sommet de Venise en juin 1980, Trudeau s'efforce de promouvoir également les relations nord-sud. Malgré l'opposition de la part du Président des États Unis, il obtient que les sept étudient sérieusement les recommandations de la Commission Brown sur le développement.

En profitant de sa présidence au sommet de Montebello en juillet 1981, Trudeau met à l'ordre du jour des priorités l'endettement des pays du sud. Il fait également appuyer une résolution sur le flux de capitaux vers les pays en développement et trouve un appui considérable pour le sommet de Cancun, le sommet nord-sud qu'il va lui-même présider.

À Londres en juin 1984, le Canada, appuyé par la France, insiste à nouveau sur le problème de l'endettement. Un aspect qui sera à nouveau discuté au prochain sommet de Kananaskis.

Le Premier Ministre Mulroney au deuxième sommet de Bonn en mai 1985 poursuit dans la ligne de Trudeau en mettant de nouveau la priorité sur les questions nord-sud.

Au deuxième sommet de Tokyo en mai 1986, la question du terrorisme revient, elle est à l'époque la question politique centrale à l'ordre du jour. La coopération du Canada dans la lutte contre le terrorisme, tel qu'il sera à nouveau inscrit au dossier au sommet de cette année, n'a pas attendu les États Unies et leur sortie suite à l'attentat contre les Tour du World Trade centre, pour se manifester vigoureusement.

Au deuxième sommet de Venise en juin 1987, le Canada a insisté à maintes reprises sur le renouvellement de la coopération économique avec l'ensemble des pays en développement. Concurremment, il a insisté sur l'imposition de sanctions sévères contre l'apartheid en Afrique du Sud et contre la République populaire de Chine à la suite du massacre des étudiants sur la Place Tian'anmen.

Au sommet de Toronto en juin 1988, sommet encore sous la présidence du Premier ministre Mulroney, le sujet de l'endettement est de retour dans les discussions et ce sur l'insistance du Canada. Sur le plan politique, la question du terrorisme revient à l'ordre du jour suite à l'abattement d'un avion et de la prise d'otages.

À Paris, au sommet de l'arche de 1989, le Canada insiste à nouveau sur les priorités à l'égard des pays en développement. Il y jouera un rôle d'intermédiaire entre la France, qui voulait y inviter plusieurs dirigeants de pays en voie de développement, et les États Unis qui ne voulait inviter personne. La récurrence des questions nord-sud est encore une fois très évidente. Un regard plus spécifique sur la situation de l'Afrique laisse entrevoir que la préoccupation du Canada à ce niveau n'est pas elle non plus nouvelle.

Au 3e sommet de Tokyo en 1993, Kim Campbell a insisté sur l'idée de créer un climat favorable à la croissance économique. Ainsi, dans la logique de la transparence économique, elle a participé aux négociations commerciales multilatérales du cycle d'Uruguay, qui auraient dû être terminées depuis longtemps, ainsi qu'à la création de la nouvelle Organisation mondiale du commerce (OMC).

Au sommet de Naples en 1994, la question de la croissance économique des pays en développement est à nouveau un thème sur lequel le Canada insiste.

Au sommet de Halifax en juin 1995, la promotion de la croissance économique et la priorité sur la question de l'endettement sont deux éléments importants mis de l'avant par le Canada et ce conjointement à d'autres éléments secondaires, comme la protection de l'environnement. Ce dernier sommet est considéré, parmi les sommets présidés par le Canada, comme particulièrement réussi.

Un retour sur le sommet de Lyon en 1996, permet de voir comment le Canada a été capable d'exercer un leadership important pour contrer la loi limitant le commerce international. De plus, le terrorisme sera un thème encore abordé par les membre du G8 lors de ce sommet.

En juin 1999 à Cologne, le Canada a réitéré son appui pour la réduction et l'élimination des dettes des 23 pays les plus pauvres de la planète.

Au somme d'Okinawa, le Canada a participé avec les autres pays du G8 au développement de a l'idée d'une police internationale contre le terrorisme.

B. L'approche du Canada en vue du sommet de Kananaskis en 2002

Cette description historique permet de comprendre que les thèmes qui seront abordés à Kananaskis, sont des thèmes que le Canada a régulièrement défendu depuis la première année de sa participation au G8. Actuellement, la phase préparatoire du sommet est un bon reflet des valeurs canadiennes. Cette tendance à vouloir impliquer pour la première fois les leaders des pays africains afin de préparer le Nouveau partenariat pour le développement africain (NEPAD), en est un bon exemple. Il y a aussi une volonté à mettre dans le coup pour la première fois le Premier ministre d'Espagne. Ainsi, cette tendance au mondialisme ainsi qu'au multilatéralisme se manifeste très clairement. Il est aussi important de comprendre que malgré le fait que la question du terrorisme soit devenue une priorité pour les États Unis, il reste que le Canada, par l'entremise de son Premier ministre Chrétien, a pris position en refusant que le terrorisme, au prochain sommet, surpasse les préoccupations économiques et les nécessités de réduction des disparités économique à l'échelle internationale. Il est capital pour le Canada de faire en sorte que le continent le plus défavorisé, le continent africain, retrouve une place économique importante à l'échelle internationale.

Donc, le Canada de ce point de vue tient et est capable de faire valoir son point de vue. La meilleure preuve d'une telle attitude se retrouve dans le choix des trois principaux éléments présents à l'ordre du jour. Évidemment, le Canada doit agir dans les limites d'une " diplomatie de concert " puisqu'il n'est pas le seul membre du G8. D'autres puissances, des puissances importantes à l'échelle internationale, possède une influence considérable, pour ne mentionner que les États Unies.

Ce qui est important de garder en mémoire, c'est cette volonté que le Canada possède de garder son leadership parmi les autres membres. En assumant la présidence et l'organisation du sommet, il est certain que la défense du point de vue canadien et le choix de l'ordre du jour, sauront bien représenter les valeurs canadiennes.

Références

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Questions à débattre

  1. En tant qu'internationaliste libéral, dans quelle mesure le Canada a-t-il cherché les compromis, les consensus et les contraintes au sein du G7/G8, et quelles sont les répercussions de ses efforts à cet égard?

  2. À quel moment du Sommet le Canada a-t-il automatiquement acquiescé à l'approche américaine et simplement appuyé les États-Unis? Un tel soutien a-t-il eu une incidence sur les résultats du Sommet, comme le modèle du leadership américain (qui exige l'appui d'un membre " fort ") semble nier?

  3. De quelle façon la diplomatie dont a fait preuve le Canada lors du Sommet du G7/G8 est-elle modifiée lorsque le pays est dirigé par le Parti libéral plutôt que par le Parti progressiste-conservateur? Les intérêts nationaux et les valeurs nationales distinctes du Canada dominent-ils l'approche du pays en tout temps?

Exercice

  1. Au premier Sommet de Tokyo, en 1979, quel premier ministre représentait le Canada?
    1. Pierre Trudeau
    2. Brian Mulroney
    3. Joe Clark
    4. Kim Campbell

  2. Ceux qui considerent le Canada comme puissance moyenne sont dans la tradition theoretique:
    1. de l'institutionalisme libéral
    2. de la dépendence périphérique
    3. du néorealisme complexe
    4. concertation égalitaire

  3. Au sommet annuel, le Canada emphase régulièrement les topiques de:
    1. la santé
    2. le crime transnationalle
    3. le développement nord-sud
    4. le hockey international

  4. Joe Clark a représenté lequel parti politique comme premier ministre en 1979?
    1. le Parti progressiste-conservateur du Canada
    2. l'Alliance canadienne
    3. le Parti libéral du Canada
    4. le Nouveau parti démocratique du Canada

  5. Le Canada est devenu membre du forum des ministres de finances des G7 en:
    1. 1975
    2. 1976
    3. 1986
    4. 1995

  6. Le premier sommet où le Canada a été hôte, en 1981, a aura lieu:
    1. au Château de Versailles
    2. au Château de Rambouillet
    3. au Château Montebello
    4. à la Casa Loma

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