G8 Information Centre, Online Lectures 2002

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16. L'évolution du terrorisme et le rôle du G8, Albert Legault

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Bonjour, je suis le professeur Albert Legault de l'Université du Québec à Montréal, où j'enseigne dans le domaine des relations internationales. Merci de m'avoir invité à participer à la présentation du rôle du G8 par rapport au problème du terrorisme. La première question que nous devons nous poser est : qu'est-ce que le terrorisme international?

Le premier incident terroriste d'importance remonte à 1968 : le détournement d'un appareil de la compagnie aérienne El-Al au-dessus de Rome a alors soulevé une nouvelle forme de danger international. Ce moment est souvent considéré comme une date charnière, celle à partir de laquelle on a pu distinguer trois phases dans l'histoire moderne du terrorisme.

Durant les années 70, le terrorisme se confinait à deux matrices géographiques, une proche-orientale et une latino-américaine : les brigades rouges, notamment en Italie, la Fraction de l'Armée rouge en Allemagne, ou encore les Tupamaros en Uruguay et le Sentier Lumineux, d'inspiration maoïste, au Pérou.

Pendant les années 80, on a assisté à la révolution iranienne (1979), puis vu la naissance de groupes terroristes à connotation religieuse ; parmi ceux-là, le Hezbollah, le Djihad islamique contre les infidèles et le GIA en Algérie. C'est avec ces groupes qu'a commencé de façon sérieuse le terrorisme international.

Parallèlement, certains états ont développé le terrorisme d'État comme instrument de leur politique étrangère ; cette catégorie d'états comprend entre autres la Syrie, Iran, Irak, et la Libye.

Ce qui caractérise principalement cette phase du terrorisme est le fait que la violence politique des groupes est largement soutenue par l'État. L'incident le plus grave de cette époque a certainement été le détournement de l'avion Pan Am 103 en 1988.

Au cours des années 90, on a réussi à contenir un grand nombre d'incidents terroristes, au détriment cependant des victimes, dont le nombre a augmenté par rapport à la décennie précédente. On pourrait dire que cette période représente en quelque sorte une régression vers l'absurde.

La même chose peut être dite du Métro de Tokyo en 1995 et des attentats contre les Ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998 Cette date marque le ciblage des États-Unis comme cible principale de l'islamisme radical.

En 1995, on constate que 26 des 56 organisations terroristes existantes sont à prédominance religieuse ; la saveur religieuse des motivations derrière les actes terroristes est ainsi une caractéristique majeure de ce deuxième stade du terrorisme.

Les attaques contre le World Trade Center de New York en 2001 marquent la troisième phase du terrorisme : l'apothéose d'une fureur sacrificielle où tous les tabous politiques ou humanitaires sautent. Il s'agit de l'expression d'un devoir moral aux yeux d'une grande partie de certains terroristes radicaux; d'où la crainte réelle que des groupes terroristes aient un jour recours à des armes de destruction massive. Le mouvement radical islamiste ne peut cependant réussir, et ce parce qu'il n'y a pas de réel projet de société à sa base.

Le G8 et le terrorisme

Bien que le G8 se préoccupe depuis relativement longtemps du terrorisme, il le fait d'une façon nettement plus remarquée, on s'en doute, depuis le 11 septembre. Le G8 est un groupe de concertation et de coordination important, un élément catalyseur qui permet de faire redescendre au niveau des bureaucraties les priorités manifestées par les chefs d'État; une antichambre du Conseil de sécurité des Nations Unies (quatre membres du G8 en sont membres permanents), du G20 et de bien d'autres organismes multilatéraux. C'est donc un organe qui permet de brasser pas mal de choses.

Les premières manifestations de l'intérêt du G8 pour le terrorisme remonte à Bonn en 1978, où la concertation visait à enrayer le fléau des prises d'otages ; en a résulté la Convention internationale contre la prise d'otages, qui a été présentée à l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) en décembre 1979. On voit donc qu'il y a un lien entre le G8 et ce qui se passe ailleurs.

À Tokyo en 1986, le G8 a créé le premier groupe d'experts sur le terrorisme, dont les objectifs principaux sont de renforcer la coopération internationale en matière de lutte antiterroriste. Cinq ans plus tard, en mars 1991, la Convention sur le marquage des explosifs-plastiques (C4) aux fins de détection est déposée. On observe encore un fois la participation du G8 dans les initiatives antiterroristes.

En 1995 à Halifax, et surtout à Lyon en 1996, un plan d'action extrêmement important en 25 points est dressé afin d'améliorer tous les mécanismes de coopération, particulièrement sur le plan juridique, de la formation, de l'entraînement, et de la standardisation des procédures relative au contrôle des passagers prenant l'avion. Y sont aussi inclus le renforcement les mécanismes d'assistance judiciaire afin d'assurer la prévention, la poursuite et l'extradition des terroristes, d'informer sur les procédures relatives aux frontières et au droit d'asile, de supprimer le financement du terrorisme et d'améliorer l'échange d'information en temps réel.

Les actes terroristes ne devraient pas être considérés comme des actes politiques, mais comme des actes meurtriers, criminels, entraînant la " tolérance zéro ".

Il existe une douzaine de lois contre le terrorisme, le problème étant de les appliquer. Citons-en quelques-unes. En décembre 1997 par exemple, a été déposée à l'AGNU la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif. La plus importante est probablement celle de décembre 1999, également déposée à l'AGNU : la Convention internationale pour la suppression du financement du terrorisme. Par la suite, le Conseil de sécurité a établi la résolution 1373 du 28 septembre, qui souligne la lutte contre le financement du terrorisme. Le G8 mentionne aussi le rôle du Groupe d'action financière contre le blanchiment des capitaux (GAFI) qui font le lien entre le terrorisme et les groupes criminels, et du Groupe Egmont créé à Bruxelles en 1995, auquel participent 58 États.

La déclaration des dirigeants du G8, diffusée le 19 septembre 2001, réitérait l'engagement qu'ont pris les pays membres de travailler de concert dans la lutte contre le terrorisme : " Nos discussions à venir porteront sur deux aspects primordiaux de ce phénomène : le financement des terroristes et les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. " Il est bien évident que la discussion sur ce thème prendrait davantage de temps que la période qui lui sera allouée.

En juin 2002, à Kananaskis, on traitera bien sûr du problème du terrorisme dans toutes ses dimensions, allant de la violence au Proche-Orient à la situation de la Corée du Nord, en passant par l'Irak et l'Iran. Tous les moyens techniques et technologiques (comme le problème de frontières intelligentes) seront étudiés afin de faciliter l'échange d'information entre les pays participants et de bloquer les échappatoires qui permettent encore à certains groupes terroristes d'opérer en toute impunité.

Deux agendas ou deux points seront à l'ordre du jour : la guerre contre le terrorisme et la guerre contre la pauvreté en Afrique, deux efforts qui ne sont pas incompatibles mais complémentaires. Il faut trouver le lien entre les deux.

Dans l'ensemble, les travaux du G8 en ce qui concerne la lutte au terrorisme renforcent plutôt le modèle institutionnaliste libéral, en ce qu'ils reposent davantage sur la coopération internationale et la construction d'un État de droit que sur un ordre dominé par un empire, car même un empire ne peut fonctionner sans des règles de fonctionnement multilatéral librement consenties. En ce sens, le G8 aura prouvé son utilité et son caractère indispensable au bon fonctionnement d'une société internationale, car il est véritablement multilatéral et égalitaire dans sa composition et son fonctionnement.

Note : Cette conférence a été préparée avec les contributions de John Kirton.

Documents supplémentaires suggérés

Bayne, Nicholas, Hanging in There: The G7 and G8 Summit in Maturity and Renewal, Ashgate, Aldershot, 2000.

Bayne, Nicholas (2001), "The G8's Role in the Fight Against Terrorism." Remarks to the G8 Research Group, Toronto, November 8 <www.g7.utoronto.ca/g7/speakers/baynenov2001.html> (May 2002).

Sussmann, Michael (1999), "The Critical Challenges From International High-Tech and Computer-Related Crime at the Millennium," Duke Journal of Comparative & International Law, 9(2, Spring): 451-489 <www.g7.utoronto.ca/g7/scholar/sussmann/duke_article_pdf.pdf> (May 2002).

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