G8 Information Centre, Online Lectures 2002

Revised Tuesday, 16-Dec-2003 12:34:01 EST English | Commentaires | Contactez-nous | Centre d'information sur le G8

21. Perspectives du Sommet de Kananaskis, Désirée McGraw

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Questions à débattre / Exercise
Biographie de l'instructeur

Bonjour. Je m'appelle Désirée McGraw de l'Université McGill et directrice montréalaise du Groupe de recherche sur le G8 basé à l'Université de Toronto. Je serai l'instructrice principale du cours français en ligne sur le G8 de 2002.

Au cours de cette séance intitulée Perspectives du Sommet de Kananaskis, nous mettrons à contribution nos connaissances du G8 afin d'analyser les perspectives de réussite du Sommet de Kananaskis.

Pour y parvenir, nous pouvons procéder de différentes façons.

Nous pouvons sonder le terrain pour voir si l'esprit est à l'optimisme parmi les personnes prenant part aux préparatifs. Jusqu'à présent, même parmi tout le brouhaha des préparatifs de dernière minute, les personnes les plus au centre de l'événement sont très optimistes quant à son succès. Reste à voir si des situations de crise surviendront à la dernière minute et viendront perturber les plans des organisateurs.

Nous pouvons aussi déterminer ce qui a été accompli dans la période préparatoire et fonder nos prévisions sur ces réalisations. Par exemple, la somme initiale de nouvelle aide canadienne au développement de 500 millions de dollars destinée à l'Afrique a déjà été surpassée de dix fois par les États-Unis et l'Europe. Nous avons aussi observé que les dirigeants africains dont la participation est essentielle au succès du Sommet de Kananaskis ont déjà fait valoir leurs nouveaux principes et, de concert avec leurs partenaires du G8, ont manifesté leur opposition du retour au pouvoir de Robert Mugabe suite aux élections truquées du printemps dernier. Il faudra voir si les États-Unis et le Japon ouvriront entre autres leurs marchés du textile aux produits de pays africains en développement comme le Canada s'est dit prêt à faire, et si les dirigeants africains feront preuve de la patience nécessaire pour faire des affaires au sein des systèmes politiques complexes des États-Unis et du Japon.

Nous pouvons aussi nous baser sur les résultats des derniers sommets pour calculer la réussite de celui à Kananaskis. Le grand succès connu à Cologne en 1999, à Okinawa en 2000 et à Gênes en 2001 en matière d'accomplissements, d'engagements et de respects des engagements laisse croire que les rencontres de Kananaskis devraient être tout autant productives.

Enfin, nous pouvons nous servir des différents modèles de réussite des sommets et dégager de ces derniers les signes permettant de déterminer si le Sommet de Kananaskis est voué ou non à la réussite.

Les partisans du modèle de faux consensus se demanderaient dans le cas présent si les dirigeants actuels du G8 se sentent écrasés par les forces de la mondialisation et incapables de composer avec les attaques terroristes du 11 septembre dernier ainsi que le ralentissement économique qui s'en est suivi. Il y a aussi une Afrique qui n'a pas su tirer parti des retombées de la mondialisation. De prime abord, en se concentrant précisément sur ces trois questions lors du Sommet et en se penchant sur les moyens de réduction de la pauvreté en Afrique, les dirigeants actuels du G8 croient pouvoir contrôler les forces du marché et sociétales et gouverner sur une économie de plus en plus planétaire.

De leur côté, les partisans du modèle de leadership américain se demanderaient dans quelle mesure le Canada a organisé un sommet qui tient compte des désirs de leur voisin, de sorte que le président Bush se présentera au Sommet avec entrain. En tant qu'hôte, le Canada a permis que les États-Unis tiennent à Detroit une réunion spéciale des ministres de l'énergie du G8. Le président Bush avait fait mention d'une telle réunion lors de sa campagne électorale. Pour ce qui est des dirigeants mêmes, le président Bush devrait se sentir chez soi au cours des courtes rencontres informelles en Alberta, capitale du pétrole et des ranchs. De plus, les thèmes de lutte contre le terrorisme et de l'importance d'une croissance économique soutenue lui tiennent à coeur. Cependant, les États-Unis devront accepter le fait que Jean Chrétien tienne à garder comme question centrale du Sommet le développement en Afrique, même après les événements du 11 septembre.

Ceux préconisant le modèle d'institutionalisme démocratique se demanderaient dans quelle mesure les institutions du G8 ont été modifiées et mises à profit en préparation pour l'événement. Ils seraient contents de constater la rapidité avec laquelle le système du G8 a fait volte-face après les événements du 11 septembre, le grand nombre de rencontres ministérielles du G7 et G8 ayant pris place avant le Sommet de Kananaskis et la vitalité manifestée par l'immense réseau de groupes de travail du G8. Mais ils douteraient de la réussite d'un sommet sollicitant de façon informelle la participation de dirigeants africains pour débattre de la question du développement africain, un dossier dont les Nations Unies disent de leur ressort depuis longtemps. Encore mieux, ils laisseraient la tâche de régler le problème de la pauvreté en Afrique aux Nations Unies et à son sommet, tel que celui sur le financement du développement tenu en mars dernier à Monterrey.

Dans le cadre de cette séance, je démontrerai que le modèle de concertation égalitaire permet de mieux comprendre les sommets du G8 et j'indiquerai pourquoi le Sommet de Kananaskis devrait s'avérer un franc succès d'après ce modèle. Les exposés précédents ont prouvé qu'il s'agit du meilleur modèle pour expliquer les antécédents du sommet en matière de coopération et de respect des engagements, ainsi que sa performance par rapport aux trois grandes questions qui seront abordées lors du Sommet de Kananaskis. Les membres moins influents du Sommet, soit le Canada et la Grande-Bretagne, affichent une croissance économique rapide et font preuve d'une portée mondiale avec la présence de leurs troupes en Afghanistan. La prise de conscience de la vulnérabilité des États-Unis depuis les événements du 11 septembre laisse entendre qu'un climat de concertation égalitaire sera présent en juin. Malgré la présence des dirigeants africains, la participation au Sommet de Kananaskis demeure restreinte, et aucune rencontre supplémentaire n'a été prévue afin de ne pas distraire les dirigeants du G8 ni ralentir le processus. Au cours du sommet, les dirigeants discuteront en priorité de leurs objectifs communs en matière de démocratie et ils insisteront que toute initiative visant à promouvoir le développement des pays africains doit reposer sur la bonne gouvernance, la primauté de la loi, les libertés individuelles et la promotion sociale. Et compte tenu de l'absence des ministères, des délégations imposantes et des groupes de presse, le Sommet permettra à des chefs élus démocratiquement de consacrer tout leur temps au renouvellement de ces valeurs démocratiques.

A. Nouvelle concertation égalitaire au Sommet du G8 de Kananaskis

Les premiers sommets se déroulent bien lorsqu'ils réussissent à combiner des capacités collectives en vue d'assurer la gouvernance mondiale, chaque membre devant contribuer des capacités égales, et lorsque tous les membres partagent un sentiment de vulnérabilité égale s'ils ne tentent pas de relever les défis issus de la mondialisation. Le Sommet de Kananaskis constitue une première dans la mesure où les dirigeants du G8 ressentent pour la première fois l'obligation d'assurer une gouvernance mondiale dans un monde en constante évolution. Les crises économiques mondiales entre 1997 et 1999 ont mis fin aux espoirs voulant que les économies émergentes et dynamiques à l'extérieur du G8 réussiraient bientôt à devancer les sociétés stagnantes sur lesquelles elles reposent. Les attaques terroristes du 11 septembre perpétrées contre les capitales économique et politique des États-Unis ont démontré encore une fois que même les pays du G8 les plus puissants sont vulnérables aux menaces provenant de l'extérieur du G8. La Russie, autrefois considérée comme un pays suspect et fragile, affiche depuis plusieurs années le taux de croissance le plus élevé de tous les pays du G8, et compte tenu du rôle qu'elle joue dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan, il est clair que même le membre du G8 le plus faible est indispensable pour assurer la prospérité et la sécurité de tous. Et puisque le Canada, le prochain hôte du sommet, affichera le taux de croissance le plus élevé de tous les pays du G7, il possédera sans doute les capacités, la crédibilité et la confiance nécessaires pour favoriser la conclusion d'ententes ambitieuses.

B. Participation restreinte et étendue au Sommet du G8 de Kananaskis

Les sommets se déroulent bien lorsqu'il y a une participation restreinte, autrement dit, moins de locuteurs pouvant intervenir, moins de points de vue devant être réconciliés, et moins de personnes pouvant exercer un droit de veto lorsqu'un consensus se forme. Pour la première fois depuis fort longtemps, les dirigeants du G8 n'assisteront pas à des rencontres spéciales avant et après le sommet avec des participants spéciaux. Par conséquent, ils pourront se consacrer entièrement à leurs activités conjointes. De plus, pour la première fois dans l'histoire du sommet, un groupe choisi de dirigeants africains pourront participer au sommet en tant que partenaires à part entière. Ce nouveau statut permettra au sommet d'assurer, comme jamais auparavant, une gouvernance mondiale adaptée aux besoins précis d'un monde diversifié. Ces leaders africains ne seront pas relégués au rang de citoyens de deuxième ordre mais pourront participer pleinement aux activités du sommet, ce qui témoigne de l'importance du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NPDA).

Le défi maintenant est de trouver des moyens pour assurer la survie de ce partenariat à l'échelle des dirigeants pour veiller à ce que les engagements de Kananaskis soient respectés de façon à plaire à tous les auteurs. Il faudra aussi trouver des moyens pour faire en sorte que les liens entre les dirigeants et leurs représentants soient d'autant plus serrés après 30 heures de rencontres en juin à Kananaskis, compte tenu des changements qui s'imposent dans un processus dynamique.

C. Les objectifs communs du G8 en matière de démocratie au Sommet de Kananaskis

Les sommets sont plus fructueux lorsque l'ordre du jour et les actions et ententes anticipées se rapprochent des objectifs communs en matière de démocratie qui ont inspiré la création de l'institution. Le Sommet de Kananaskis permettra d'atteindre ces objectifs dans une mesure exceptionnelle à l'égard de son résultat le plus important, en soulignant à ses partenaires africains que la réduction de la pauvreté en Afrique exige au préalable la mise en évidence d'une bonne gouvernance, de règles juridiques, de libertés individuelles et de la promotion sociale à l'intérieur même des pays africains.

Le défi à relever consistera à offrir la démocratie de façon plus directe aux citoyens concernés, au sein du G8 ainsi qu'en Afrique. Il sera utile d'obtenir la participation de la société civile des pays membres du G8 dans le cadre de la conception, de la livraison et de la surveillance de la partie nord du projet du NPDA, et de le faire plus directement qu'auparavant. Il sera encore plus important d'obtenir la participation de la société civile de l'Afrique du côté " sud ", puisque leur compréhension, leur sentiment d'appartenance et leur initiative seront essentiels au succès du NPDA.

D. Le contrôle politique du Sommet de Kananaskis par les dirigeants élus

Enfin, le Sommet du G8 obtient de meilleurs résultats lorsqu'il est sous le contrôle politique des dirigeants élus, c'est-à-dire ceux qui n'y sont pas seulement pour participer, pour signer des communiqués pré-rédigés ou pour poser pour les photographes, mais ceux qui pourront atteindre des objectifs qu'aucun fonctionnaire ou ministre avec portefeuille ne peut atteindre, du moins seul. Les sommets doivent permettre aux dirigeants d'être eux-mêmes, et ce dans le style précis préféré de chacun. Sans ministre, sans grande délégation et sans la pléiade de médias sur place, le Sommet de Kananaskis devrait permettre aux dirigeants élus de passer plus de temps à délibérer, à établir de nouvelles directions et à prendre des décisions de grande portée. Et, ce qui est le plus important, leurs nouveaux partenaires africains sont eux-mêmes des dirigeants élus, donc des âmes soeurs politiques qui représentent la personnalité de la nouvelle Afrique dans la même mesure que Robert Mugabe du Zimbabwe, qui sera absent, représente la personnalité de l'ancienne Afrique.

Toutefois, afin que leurs délibérations privées, leurs nouvelles directions et leurs décisions soient bien organisées et aient une incidence appréciable, les dirigeants élus auront besoin de la participation de ceux qui les ont élus. Ils doivent leur fournir des renseignements afin de leur permettre de comprendre la destination finale visée, de considérer attentivement la complexité et la logique décisive et donc d'être inspiré à agir volontairement afin d'aider les dirigeants à atteindre l'objectif commun. Le plus grand défi que doivent relever les dirigeants qui participeront au Sommet de Kananaskis sera probablement l'établissement de méthodes novatrices permettant d'assurer qu'à partir de leur endroit retiré dans les montagnes, les renseignements parviendront aux médias, qui diffuseront le message avec toute l'indépendance, l'intégrité et la précision qui sont de mise.

Note : Cette conférence a été préparée en collaboration avec John Kirton.

Références

KIRTON, John. " G8 Preview : Retreating to Reach Out for Real Results at Kananaskis 2002 ", Document présenté au Centre for Strategic and International Studies, à Washington, DC, 15 mars 2002 www.g7.utoronto.ca/g7/scholar/kirton2002/csis2002.html (mai 2002).

KIRTON, John. " Guess Whose Coming to Kananaskis : Civil Society and the G8 in Canada's Year as Host ", International Journal 57 (2002) www.g8.utoronto.ca/g7/scholar/kirton2002/020507.pdf

Questions à débattre

  1. Selon vous, dans quelle mesure le Sommet de Kananaskis sera-t-il fructueux? Pour quelles raisons? Est-ce que vos raisons, votre point de vue des causes de la réussite d'un sommet, suggèrent qu'il est nécessaire de rejeter, de modifier ou de remplacer les modèles existants que nous utilisons?

  2. Dans quelle mesure le succès d'un sommet dépend-il de la préparation attentive du gouvernement du pays hôte, et des compétences et de la volonté du dirigeant du pays hôte lors du sommet? Que suggèrent ces facteurs par rapport au succès probable du Sommet de Kananaskis?

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